Les problèmes rencontrés en début de ce millénaire avec "l’agitation des banlieues" ont obligé les gouvernements successifs à faire de la rénovation urbaine des quartiers une priorité nationale. Dans le cadre de la loi Borloo votée en août 2003, la ville de Bourg a pu réaliser la rénovation du quartier de la Reyssouze entre 2006 et 2017. Une seconde loi, en 2014, a renforcé les dispositifs précédents en concentrant les crédits de la politique de la ville sur un nombre resserré de territoires. C’est dans ce contexte que la Ville de Bourg, l’agglo CA3B et le bailleur social du secteur, Bourg Habitat, ont fait acte de candidature pour le quartier du Pont des Chèvres. Un protocole d’engagement a été signé en mars 2017, et après les études nécessaires à l’élaboration du projet, une convention pluriannuelle de rénovation a reçu l’ultime signature du préfet en juillet dernier. Entre-temps, la loi de finances de 2018 modifiant le dispositif des APL a impacté le planning et le positionnement financier des partenaires. Quelques aménagements ont été supprimés du projet initial, qui est ainsi modifié à la marge.
Démolition et réhabilitation
Christophe Perdrix est directeur au sein de la Direction Générale Adjointe de la CA3B, en charge des Rénovation et Médiation Urbaines. Il est le principal référent du projet et en connait parfaitement les orientations principales : « ouvrir et connecter le quartier au centre- ville, mailler les cheminements en modes doux, améliorer le cadre de vie à travers les logements et les espaces publics, conforter le pôle de services sur le secteur Louis Parant. Ce projet de rénovation du quartier, construit entre 1966 et 1970, a été élaboré avec la participation des habitants lors de
rencontres et d’ateliers. Ils seront de nouveau associés au futur travail sur la mobilité et les déplacements durant la première semaine du mois de mai ».
Chronologiquement, la première action date de 2018 avec le réaménagement du boulevard Edouard Herriot. Avec ses 2 voies et son rail central, cette artère était une frontière infranchissable au sein du quartier. Ensuite vint la démolition, il y a quelques mois, de 3 immeubles dans le secteur Dupont et Loiseau.
Au final, cette zone ne conservera donc que 4 immeubles, les deux le long de la Reyssouze, l’immeuble Torterel, et enfin la grande barre centrale entre la place Dupont et la place Loiseau.
Dans quelques années, tous les habitats en façade de la rue du Pont des Chèvres seront également démolis pour gagner en porosité et en aération. Ils seront remplacés par une offre diversifiée de logements, mais ce sera dans les phases ultimes du projet.
Les immeubles restants, y compris ceux de l’autre côté du boulevard, auront droit à une rénovation sur les logements et sur ce qu’on appelle les pieds d’immeuble. Une nouvelle voirie desservira le quartier, de la rue des crêts à la rue Alain Mimoun.
Dès ce mois d’avril 2021, les immeubles de la rue Duby, en face du COSEC Favier, accueilleront les premiers travaux de réhabilitation prévus dans le projet de rénovation. Enfin, toute la zone comprise entre la rue du Pont des Chèvres et la C.A.F. ne sera concernée que pour des travaux de voirie. Ceux-ci, comme dans tout le quartier, favoriseront la mobilité, les déplacements en mode doux, la végétalisation et le stationnement. La Reyssouze, dont les berges ont été réaménagées, redeviendra la rivière au cœur du village.
Trois éléments structurants importants
Outre les travaux pour le bâti et la voirie, la présence renforcée d’équipements publics donnera une nouvelle âme au quartier. En premier, la réfection du gymnase Villard qui a démarré il y a quelques jours. Elle devrait s’achever à la rentrée 2022. Il est fréquenté par bon nombre de jeunes du quartier. Autre élément fondamental avec la construction de la Maison du Cirque dont l’attractivité dépasse largement le périmètre burgien. Elle devrait être opérationnelle elle aussi à la rentrée 2022. Le centre social Torterel, qui sera démoli, sera réimplanté près de l’école Louis Parant en lieu et place des Restos du Cœur. L’association déménagera avenue Amédée Mercier.
Enfin, un centre médical sera construit au carrefour du Pont des Chèvres à l’emplacement de la mosquée déjà détruite et de la maison voisine. Ce bâtiment n’en est qu’au stade des études. Là aussi, les habitants seront invités à faire part de leurs avis et de leurs idées. Christophe Perdrix n’oublie pas que, lors des premières concertations, « ils avaient fait le constat d’un manque général de vie sociale. Aussi, la ville envisage d’accentuer le nombre d’animations et de diverses opérations. La jeunesse sera concernée au premier plan, mais également l’ensemble de la population avec des actions pour l’insertion, le retour à l’emploi, une meilleure confiance en soi, afind’améliorer un mieux dans le vivre ensemble ».
Quelques chiffres clés
✔ Démolitions : 92 logements sociaux et 14 maisons✔ 4 opérations d’équipements : construction de la maison du cirque, restructuration du Gymnase Henri Villard, installation rue des Blanchisseries de l’espace d’animation sociale, et construction d’1 pôle médical
✔ Construction de 30 logements neufsBudget global de l’opération : 64 M€
Bourg Habitat : 22,6 M€, Ville de Bourg : 9,8 M€, Agence Nationale de Rénovation Urbaine (ANRU) : 10 M€, l’Agglo CA3B : 6,3 M€, la Région Auvergne-Rhône-Alpes : 3 M€, le Conseil Départemental de l’Ain : 2,5 M€, et 137 000 € par la Banque desTerritoires Caisse des Dépôts pour le financement des études. Le complément proviendra de recettes annexes.